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intégral
02 | 2016
L'enseignement de l'architecture au Centre d'Enseignement d'Art de Tunis (1923-1930)
Faiza Matri
02 | 2016
L’enseignement de l’architecture au Centre d’Enseignement d’Art de Tunis (1923 – 1930)
Faiza Matri
Table des matieres
Introduction
I- Le Centre d’Enseignement d’Art de Tunis
I.1- Présentation du Centre d’Enseignement d’Art
I.2- L’enseignement au Centre d’Art
I.3- Le Musée d’art moderne : institution complémentaire de l’école des Beaux-arts
II-La formation des architectes au sein du Centre d’Enseignement d’Art
II.1- Caractéristiques de l’enseignement d’architecture
II.2- Crise de l’enseignement d’architecture et problèmes budgétaires
Conclusion
Résumé
La formation des architectes en Tunisie était une expérience singulière assurée à partir de
1923 au sein du Centre d’Enseignement d’art. Le présent article qui se propose de présenter et
d’analyser cette expérience est articulée autour de deux parties. La première est consacrée à la
présentation du Centre d’Enseignement d’Art et l’étude d’une structure de formation
complémentaire : le Musée d’Art moderne à Tunis. La seconde partie traite de la question de la
formation des architectes au sein du Centre d’Enseignement d’Art.
The training of architects in Tunisia was a unique experience provided from 1923 within the Art Teaching Center. This article, which aims to present and analyze this experience, is structured around two parts. The first is devoted to the presentation of the Art Teaching Center and the study of a complementary training structure: the Museum of Modern Art in Tunis. The second part deals with the question of the training of architects within the Art Teaching Center.
كان تدريب المهندسين المعماريين في تونس تجربة فريدة من نوعها تم تقديمها منذ عام 1923 داخل مركز تعليم الفنون. تتمحور هذه المقالة، التي تهدف إلى عرض هذه التجربة وتحليلها، حول جزأين. الأول مخصص لعرض مركز تدريس الفنون ودراسة هيكل التدريب التكميلي: متحف الفن الحديث بتونس. ويتناول الجزء الثاني مسألة تدريب المهندسين المعماريين داخل مركز تعليم الفنون.
Mots clés
Architecture, Enseignement, Art, Tunis, Protectorat.
Pour citer cet article
Faiza Matri, « L'enseignement de l'architecture au Centre d'Enseignement d'Art de Tunis (1923- 1930) », Al-Sabîl : Revue d'Histoire, d'Archéologie et d'Architecture Maghrébines [En ligne], n°2, Année 2016. URL : http://www.al-sabil.tn/?p=2439
Texte integral
Introduction
On définit souvent l’architecte en tant que « personne capable de tracer le plan d’un édifice
et d’en diriger l’exécution. […]. Aujourd’hui, l’architecte doit être diplômé d’une école
d’architecture et admis dans l’ordre des architectes »
1
. Bien que l’image moderne de l’architecte
ait été inventée et inaugurée en Europe au XVe
siècle par Filippo Brunelleschi (1377-1446) qui a
« le mérite d’offrir à l’architecture un système stable et scientifiquement construit de
conventions »
2
, l’émergence des architectes diplômés des écoles des beaux-arts est advenue suite
à la révolution industrielle.
En Tunisie, la création des établissements d’enseignement spécialisés dans la formation des
architectes n’a eu lieu qu’à partir du début du XXe
siècle à travers la fondation du Centre
d’Enseignement d’Art de Tunis en 1923. Parallèlement à l’enseignement de peinture, cet
établissement a assuré un enseignement de l’architecture
3
qui n’a duré que sept ans pour être
suspendu en octobre 1930. Dès lors, le Centre d’Enseignement d’Art a pris le nom d’Ecole des
Beaux-arts de Tunis
4
en assurant un enseignement de peinture et d’arts plastiques
5
. Malgré sa
courte durée, cette expérience pédagogique a permis la formation des premiers architectes
Tunisiens.
De nos jours, les études consacrées à l’histoire de l’architecture tunisienne ne cessent de se multiplier, alors que les études traitant la question de la formation du corps des architectes sont rares pour ne pas dire inexistantes6 . En s’interrogeant sur les caractéristiques de l’enseignement de l’architecture assuré dans le Centre d’Enseignement d’Art de Tunis, le présent article a pour objectif de donner un aperçu sur cet établissement ainsi que sur la section d’architecture qui restent méconnus. Compte tenu de la rareté des sources, nous nous sommes basées sur les rapports officiels adressés au Ministre Résident Général sur le fonctionnement des services administratifs, ainsi que les correspondances retrouvées dans les archives, surtout les archives diplomatiques de Nantes.
I- Le Centre d’Enseignement d’Art de Tunis
La création de structures modernes pour la formation des architectes tunisiens est marquée
par une longue période d’hésitation et de tâtonnements. On peut estimer qu’outre les
considérations politiques7
, le statut spécifique de ce métier, ainsi que les moyens de son
apprentissage et sa transmission, ont amplifié ces incertitudes. Bien que le statut de l’architecte,
tel qu’il a été instauré en occident depuis la Renaissance, n’ait pas existé dans les pays du monde
arabe, la gestion des aspects techniques et esthétiques des ouvrages n’a pas fait défaut en Tunisie,
puisqu’elle a été confiée à des amines. Avant le Protectorat, les métiers traditionnels du bâtiment
étaient regroupés en corporations autonomes qui travaillent en ordre dispersé dans l’espace urbain
et présidés par les amines
8
.
Au début du XIXe
siècle, la formation des conducteurs des travaux a été assurée
parallèlement à celle des ingénieurs au sein de l’école polytechnique du Bardo, fondée par Ahmed
Bey en 18399
. En l’absence d’établissements de formation d’architectes, cette école a contribué à
la formation de quelques ingénieurs du bâtiment civil, à l’exemple de Hassouna Ben Mustapha qui
enseigna à la même école et à qui furent confiés de grands travaux de construction10
.
Au cours de la période coloniale, l’aspect polyvalent de ce métier n’a fait que compliquer les
choses. Conçue comme un corps de connaissance pratiques, l’architecture tunisienne, ainsi que son
apprentissage ont été parfois encouragés à travers les diverses mesures de conservation et
transmission des savoir-faire traditionnels. La formation des architectes dans le Centre
d’Enseignement d’Art traduit la transposition occidentale de l’approche de ce métier.
1- Présentation du Centre d’Enseignement d’Art
L’école des beaux-arts a été fondée en 1923 par le Résident Général sous le nom du Centre
d’Enseignement d’Art et dirigée par Pierre Boyer artiste peintre, désigné comme directeur avec le titre d’inspecteur adjoint des beaux-arts, assisté d’un professeur de dessin et de peinture M.
Vergeaud et d’un professeur d’architecture Victor Valensi. Elle est située dans le quartier de Bâb
Jedid au n° 6 bis Passage Ben Ayed11 (voir fig. 2).
La décision de la fondation du Centre d’Enseignement d’Art de Tunis a été prise
parallèlement à celle de la fondation d’un musée d’art moderne à Tunis et dont l’objectif est de
« créer en Tunisie un mouvement artistique inexistant, de retrouver les anciennes traditions
indigènes, de veiller à leur application et de rechercher les anciens statuts corporatifs des arts
indigènes »
12
. D’ailleurs, Pierre Boyer a été nommé inspecteur adjoint des Antiquités et Arts en
1922, ayant la double mission de l’inauguration d’un Centre d’Enseignement d’Art et la fondation
d’un musée d’art moderne à Tunis.
Pour la création de ces établissements, les décideurs se sont inspirés d’un modèle « existant en Algérie (fondation Jonnart à Alger) et au Maroc où un service analogue est rattaché budgétairement à la Direction de l’Instruction publique et des beaux-arts et distinct et du service des antiquités». L’objectif était de créer un complexe culturel contenant le Centre d’Enseignement auquel s’associe le musée où « les artistes y trouvent les documents indispensables à leur enseignement ».
Le Centre d’Enseignement d’Art a été installé dans une annexe du palais Ben Ayed.
13 Il a
occupé une ancienne salle de réception, sorte de pavillon qui s’ouvrait sur le jardin du palais (rep.6,
fig. 4) et auquel des ateliers ont été annexés. Les ateliers ont été édifiés au début du XXe
siècle à
l’emplacement du grand jardin rectangulaire du palais qui a été réduit, de ce fait, à une petite cour.
Le local choisi pour accueillir les collections du Musée d’art moderne est Dâr Othman14, une
résidence princière tunisoise construite au cours du XVIIe
siècle et située dans la zone sud de la
médina de Tunis, non loin du Centre d’Enseignement d’Art.
Jusqu’à quel point ces établissements ont-ils pu assurer leurs missions et atteindre leurs
objectifs ? Comment est assuré l’enseignement dans le Centre d’Enseignement d’Art ? Comment
l’enseignement d’architecture est-il assuré ?
2- L’enseignement au Centre d’Art
Le Centre d’Enseignement d’Art a été ouvert pour la première fois le 15 octobre 1923. Les élèves suivaient une formation théorique et une formation pratique dans des ateliers spécialisés. Le programme était copié « à ses débuts de l’école des beaux-arts de Paris » 15 . Ce Centre a assuré, au début, un enseignement de peinture et un enseignement d’architecture16 .